Dans la peau du chasseur
Mots-clefs : Préhistoire, Paléolithique, technique, chasse, sagaies, os, silex, climat.
Le Paléolithique supérieur (45 000 – 12 000 ans AP*) se caractérise par le travail de la matière osseuse animale. Ces nouvelles techniques sont apportées en Europe par des peuples extérieurs dont les Cro-Magnons (« les hommes modernes »). Le bois de cervidé (notamment les baguettes), souple et résistant, était privilégié pour confectionner des pointes de sagaies. Ces dernières possédaient des proportions, des décorations et des modalités de fixation variées, illustrant l’âge, le prestige ou le statut de l’individu qui l’utilisait. La diversité des catégories techniques utilisées permet de différencier les sphères culturelles des populations. Les premières pointes de sagaies sont massives en fuseau et à section plate ou à base fendue. Elle sont caractéristiques de l’Aurignacien (43 000 – 29 000 ans AP) et des premiers Hommes modernes en Europe. Progressivement le schéma technique est simplifié, les formes se complexifies et aboutissent à l’élaboration vers 18 000 ans AP de sagaies composites c’est-à-dire composées de deux matériaux (collage de lames en silex et d’une pointe en os). Les propulseurs apparaissent au Solutréen (22 000 – 17 000 AP). Ce sont des bâtons (généralement) en bois de cervidé, terminés par une cale et servant à transmettre la force centrifuge du bras vers la sagaie. De ce fait, l’impact sera doublement puissant.
Le propulseur et la sagaie sont adaptés aux paysages steppiques, ouverts où une grande précision n’est pas nécessaire. Les changements climatiques font disparaître les steppes rendant l’utilisation d’armes lourdes et puissantes comme la sagaie propulsée moins efficace. Des armatures légères et des pointes taillées dans des lames en silex sont privilégiées, aboutissant à la création de l’arc, arme légère dont le maniement est propice dans les milieux boisés. Comme pour le débitage du silex, le régionalisme culturel est également visible à travers les différents types de pointe de flèche en Europe et en France. Le plus vieil exemple d’arc en Europe date d’au minimum 20 000 ans AP et 59 000 ans AP en Afrique. Ces estimations sont constamment revisitées, les recherches prouvent que les hommes et les femmes préhistoriques maîtrisaient ces techniques de façon beaucoup plus précoce.
L’atelier
Tour par tour, les participant·e·s doivent tirer sur une cible (90×90 cm) représentant un animal (un lièvre ou un lagopède). Il est également possible de réaliser sur demande une cible de plus grande dimension (cheval, renne, bouquetin, loup et ours). Cet exercice de tir est l’occasion d’aborder les modes de subsistance des chasseurs-cueilleurs nomades et l’organisation sociale qui la régit, à partir des comparaisons ethnographiques.
L’atelier peut prendre place sur le site magdalénien (12 500 – 12 000 ans BP) de Roc-la-tour (Monthermé) où la séance peut se coupler avec la taille de silex et la création de sagaies.
Cet atelier peut être couplé avec l’atelier de fabrication de sagaies du cycle Dans la peau du chasseur.
- Dès 8 ans.
- Une heure et plus.
- Adapté à l’accueil de groupe en continu.
* Avant le présent (débute en 1950).
Pour aller plus loin
A. Leroi-Gourhan, M. Brézillon, « Fouilles de Pincevent ». Gallia Préhistoire, Paris, CNRS, 1972.
Jean-Luc Piel-Desruisseaux, Outils préhistoriques, du galet taillé au bistouri d’obsidienne, 1998.
Marcel Otte, Pierre Noiret, Les gestes techniques de la préhistoire, De Boeck, 2010.
Gaêlle Rosendhal et al. Le plus vieil arc du monde ? Une pièce intéressante en provenance de Mannheim, Allemagne, pg. 371-382, L’anthropologie n°110, 2006.
Jean-George Rozoy, Le propulseur et l’arc chez les chasseurs préhistoriques. Techniques et démographies comparées, pg. 175-193, Revue d’archéologie préhistorique, 1992.
Denis Vialou, Au cœur de la Préhistoire, chasseurs et artistes, 1996.